lịch sử việt nam
Le Zen Vietnamien
Dang Thuc Nguyen
Le monde Occidental aujourd'hui est familiarisé avec la pensée orientale particulièrement la pensée Zen, nom Japonais vulgarisé par le savant interprète bien connu le professeur Suzuki. Mais jusqu'ici le monde ne connaît pas que l'aspect trop individualiste du Zen Chinois et Japonais et ignorant complètement l'aspect social et positif du Zen Vietnamien.
En effet il y a bien un Zen Vietnamien que nous appelons Thiền, prononciation vietnamienne du mot Ch'an chinois qui lui même est une traduction phonétique du mot sanscrit " Dhyana ".
Dhyana : Zen : Ch'an : Thiền :
Or le terme Dhyana dans la psychologie traditionnelle du Yoga Hindou désigne un état de conscience de celui qui pratique les exercices respiratoires en vue de concentrer toutes ses activités physiologiques et spirituelles car le Yoga en sanscrit comme le Đạo-Dẫn ( ) en sino-vietnamien signifie une voie qui conduit à la réintégration de la conscience individuelle dans la conscience cosmique transcendante qu'on nomme " Samadhi " ou extase bouddhique que Swami Vivekananda l'a défini clairement :
" Yoga means Yoke, to join, that is, to join the soul of man with the supreme soul of God ....
This ' J ' of ours covers just a little consciousness and a vast amount of unconsciousness, while over it, and mostly unknown to it, in the ' super-conscious plane '. "
( Yoga veut dire Yoka : joug, joindre, c'est à dire joindre l'âme suprême de Dieu ....
Notre ' J ' ici comprend seulement une petite conscience et un immense domaine non conscient alors qu'au-dessus et généralement inconnu pour lui, il existe ' le plan supra conscient ' . ) ( Six Lessons on Raja Yoga _ Calcutta )
On voit que Zen est bien une expérience psychologique qui consiste, comme Erich From l'a comprise :
" Making the unconscious-conscious transforms the mere idea of the universality of man into the living experience of this universality ".
" Rendre l'inconscient-conscient, à transformer la simple idée de l'universalité de l'homme en l'expérience vivante de cette universalité. "
( Zen Bouddhism And Psychoanalysis _ Erich From _ Ruskin house, London 1960 )
Et cette expérience est comparable à l'état de transe médiumnique d'après un Maître Zen vietnamien du XIIè siècle.
" Un jour le disciple Khánh-Hỷ ( 1142 ) accompagnait maître Bản-Tịch ( 1139 ) chez un fidèle, chemin faisant le disciple demanda à son Maître :
_ Quelle est le concept exact des patriarches Zen ?
" Juste en ce moment, il entendirent le son rituel venant d'une maison paysanne voisine, le Maître répondit:
_ N'est ce pas la descende du Divin dans l'état de transe des médiums ?
( Nhất nhật tùy Tịch phó đàn gia cung lộ, tư vấn vân :
_ Hà thị tổ Thiền đích đích ý ?
( Thích văn dân gia vu cổ. Tịch vân :
_ Mặc thị giá ngôn vu nghiễn giáng thần ma ?
( Đại-Nam Thiền-Uyển Truyền-Đăng Tập-lục )
Cảm-Thành ( ) ( 860 ) un autre Maître Zeniste vietnamien du IXè siècle est plus explicite. Une fois son disciple lui demanda :
" Qui est le Bouddha ?
" Il répondit :
" Partout est Bouddha.
" Le disciple demanda encore :
" Quelle est la conscience du Bouddha ?
" Le Maître répondit :
" Jamais converse et jamais accumulant, c'est à dire complètement libérée.
" Je ne comprends pas, dit le disciple .
" Répondit le Maître :
" C'en est fini avec les conclusions ! Toute illusion ! "
' Thường hữu Tăng vấn :
' Như hà thị Phật ?
' Sư vấn :
' Biến nhất thiết xứ !
' Tiến vấn :
' Như hà thị Phật tâm ?
' Sư vấn :
' Bất tằng phú tàng !
' Tiến vấn :
' Học nhân bất hội.
' Sư vấn :
' Sai quá liễu dã ' .
' Biến nhất thiết xứ !
' Tiến vấn :
' Như hà thị Phật tâm ?
' Sư vấn :
' Bất tằng phú tàng !
' Tiến vấn :
' Học nhân bất hội.
' Sư vấn :
' Sai quá liễu dã ' .
( Đại-Nam Thiền-Uyển Truyền-Đăng Tập-lục )
Ces exemples montrent la façon par laquelle les anciens Maîtres ( Thiền-Sư ) vietnamiens enseignent leurs disciples. On y voit bien l'originalité de cette doctrine qui se transmet en dehors de tout doctrine de coeur à coeur, directement, car l'important est de rallumer dans l'intérieur de chaque disciple la lumière innée qu'il porte dans sa propre nature, de libérer sa conscience des attachements illusoires d'ordre sentimental ou intellectuel, surtout de son cramponnement à un " Je " à un " Moi " illusoire pour passer à un plan de conscience supérieure au dessus du sensori-intellectuel. D'où vient la capacité illimitée de synthèse de l'expérience spirituelle qui transcende toutes les limitations conceptuelles des systèmes intellectuels clos et contradictoire. C'est pourquoi le climat particulièrement propice pour l'apparition et le développement de l'expérience religieuse Thiền est celui de Giao-Chỉ ( ) berceau du peuple vietnamien où se croisèrent dès les premières siècles de l'ère chrétienne les différents courants de peuples et de cultures venant les uns des mers du Sud c'est à dire de l'Inde et des pays des mers du Sud comme Java, Champa, Khmer, de culture indonésienne, les autres de la Chine du Nord ou du Nord-Ouest. Dans la préface de son ouvrage " Lý-Hoặc-Luận " ( ) du IIè siècle après J.C. Meoutsu écrit :
" Après la mort de Ling-Ti ( ) ( 189 ) l'empire était troublé, seul le Kiao-Tcheou ( ) était relativement calme, les gens remarquables de peuples du Nord vinrent tous s'y réfugier. Beaucoup s'y livraient aux pratiques des divinités naturelles, d'abstinence de céréales et d'exercice d'immortalité .
( Thị thời Linh-Đế băng hậu, thiên hạ nhiễu loạn, độc Giao-Châu sai an, Bắc-phương dị nhân, ham lai tại yên, da vi Thần Tiên tịch cốc trường sinh chi thuật .) ( Mâu-Tử _ Lý-Hoặc-Luận )
Trần-Văn-Giáp de l'EFEO dans son étude consciencieuse sur le " Bouddhisme en Annam " ( BEFEO, tr. XXXII 1932 ) a précisé :
" Au début du IIIè siècle, c'est au Tonkin que le Sogdien Sen-Hou () fit la traduction d'un texte sanscrit en Chinois, il fut l'un des grands traducteurs chinois de son temps. C'est du Tonkin qu'il se rendit en Chine pour convertir le Roi Wou ( ). Il fit construire stupas et pagodes. Puis vient Kàlyànarùci et Màrajivaka. L'un d'origine Indo scythe, fit au Tonkin, en 225-256, la première traduction du " Fa Houa San Mei King " ( ) l'autre y passa vers 294 pour aller en Chine ." _ ( p. 215 - 225 )
Cet " asile de paix " que fut le Giao-Chỉ ou le Tonkin ancien est dû à sa situation géographique particulière qui en fit pendant presque mille ans le point de rencontre des grands traditions culturelles asiatiques à savoir le Brahmine, le Bouddhisme, le Confucianisme, le Taoisme... venant du culte du soleil, l'Animisme.
L'important est de savoir ce qui en résulta de ce bouillon de cultures dès le début de l'ère chrétienne. Ce paysage de Meoutseu nous le renseigne :
" Après avoir étudié les classiques confucéens et ses commentaires, Meou-tseu les aime tous quoiqu'il n'aime pas les arts militaires, il en lit quand même. Il lit également les livres sur les Dieux et les Génies et sur l'Universalité, mais il n'y croit pas les tenant pour utopiques et extravagants ......
" Beaucoup de gens de ce temps s'adonnaient à ces études. Meou-Tseu sans cesse leur interrogeait sur les questions difficiles dans les Cinq Classiques Confucéens, aucun des Tavites et des Magiciens n'osaient lui tenir tête. Il était comme Mong-K'o ( Mencius ) combattant l'individualiste Yang-Tchou et le Socialiste Mo-Ti .......
" Puis il concentra tous ses efforts pour étudier le Bouddhisme, en même temps qu'il réfléchit sur les cinq mille mots de Lao-Tseu ( ), médita assidûment les principes mystérieuses de la création et goutta délicieusement les Cinq Classiques ."
Les disciples Confucéens en majorité lui reprochèrent de trahison envers la doctrine des Cinq Classiques pour suivre la doctrine étrangère. Il voulut polémiquer, c'eût été contraire à l'esprit bouddhique, mais il ne peut garder son silence devant cette situation, c'est pourquoi il se décida à s'expliquer en se basant sur les exemples des Sages et Saints d'antan. D'où son ouvrage " Les Doutes Levés " qui fut écrit :
Ce passage nous donne une idée précise de l'atmosphère intellectuelle de ce carrefour de peuples et de civilisations que fut le Lĩnh-Nam ou Giao-Chỉ au début de l'ère Chrétienne en Extrême-Orient. Meou-Tseu ( ) dans la Traditions du Bouddhisme vietnamien était considéré comme le précurseur l'Ecole de la Doctrine ( Agama ). Il avait donné à cette école agamique un esprit de synthèse caractéristique de l'esprit. En effet, devant les différentes tendances des " Cent familles philosophiques " ( ) venant du Nord de la Chine parmi lesquelles deux principales synthèses naturalistes des Taoïstes et les moralistes socialistes des Confucéens continuèrent leur querelle interminable sur la négation et l'affirmation du monde. Meou-Tseu, de propre aveu, trouva la solution à toutes ces contradictions spéculatives dans l"expérience spiritualiste du Bouddhisme, alors florissant au Giao-Chỉ ( ) surtout à Léi-Leou ( ) ( Bắc-Ninh actuel ) capitale du royaume de Giao-Chỉ .
En effet Meou-Tseu écrit dans son " Les Doutes levés " Lí-Houo ( ) :
" Depuis que j'ai appris la doctrine dans les classiques bouddhisme et que j'ai examiné l'essentiel du Taoïsme, que j'ai observé l'esprit placide et que j'ai envisagé l'action de non-participation, quand je tourne mes regards de nouveau pour voir les choses du monde, c'est comme lorsqu'en atteignant la hauteur de la passe T'ien-Tsing ( ) on entrevoit les ruisseaux et les vallées en montant sur le sommet du Sung-Chan ou du Tai-Chan on voit un mamelon ou une fourmilière. Les Cinq Classiques Confucéens sont comme les cinq saveurs, la Doctrine du Bouddha ce sont les cinq céréales .
" Depuis que j'ai entendu la Doctrine c'est comme si je voyais le plein soleil une fois les nuages écartés, c'est comme si avec une torche allumé je pénétrais dans une chambre obscure."
( Les Doutes Levés )
Meou-Tseu s'est dit dans sa préface qu'il ne fit qu'imiter Mencius, qu'il combattit les tendances individualistes de Yang-Tchou ( ) et solidaritaristes de Mo-Ti ( ) pour rétablir l'autorité absolu du Confucianisme en Chine. Mais en réalité grâce à la présence du Bouddhisme qu'il rencontra à Giao-Châu et cette époque sa tendance synthétique est plus compréhensive et universaliste, comme l'on peut en juger dans son " Les Doutes Levés " :
" ......... Le soleil et la lune brillent chacun à sa façon. Chacune des vingt-huit étoiles ( naksatra ) à une région à laquelle il préside. Les cent plantes médicinales poussent en même temps, et chacune a se maladie qu'elle guérit. Les robes fourrées en renard gardent du froid et les vêtements en fibres naturelles préservent de la chaleur. Un bateau et un char n'empruntent pas la même voie et tous deux servent aux voyageurs. La raison pour laquelle Confucius n'a pas considéré les Cinq Classiques comme la somme absolue de la sagesse et en outre composé le Tchuan-T'seou ( ) et le Niao-King ( ), c'est qu'il désirait étendre les moyens du Tao et donner à chacun suivant son désir. Les livres bouddhiques sont nombreux mais leur fond est Un. C'est ainsi que les Sept-Traités quoique différents, ont un même respect pour le Tao ( ) le To ( ), la Bienveillance ( ) et la Justice ( ). Si les paroles du Livre sur la Piété Filiale ( ) sont nombreuses, c'est que suivant la façon d'être des gens, le Maître s'adresse à eux. C'est ainsi que Tseu-Tchang ( ) et Tseu-Yeou ( ) possèdent tous deux une question sur une même piété filiale, Tchong-Ni ( ) ( Confucius ) leur répondit différemment s'en prenant au défaut de chacun d'eux. A quoi bon parler de Rejeter ? "
( Li-Houo )
C'est la religion Bouddhique qui a donné à Meou-Tseu comme au gouverneur de Giao-Chỉ ( ) le Roi Shih-Nsieh ( ) a l'esprit universaliste qu'exigeaient les conditions géographique ethnique et sociales de Lin-Nan. En effet Shih-Nsieh ( Sĩ-Nhiễp ) un Confucéen vietnamien de souche Chinoise recrutait ses collaborateurs parmi les Taoïstes et Bouddhistes sans faire distinction de tendance religieuse. Le peuple Vietnamien l'adorait comme Roi Lettré Taoïstes ( ) et la classe des lettrés des dynasties nationales le vénéraient comme l'ancêtre de l'éducation vietnamien. Cet esprit universaliste et ouvert depuis lors n'a cessé d'inspirer la pensée traditionnelle du Vietnam dans la synthèse des cultures qu'a reconnue, Maurice Durand de l'EFEO :
" Il est devenu classique de dire que l'âme vietnamienne est dominée par une synthèse des influences des trois systèmes : Confucianisme ; Bouddhisme; Taoisme. Cela est vrai dans un certain sens, mais il faut également tenir compte en psychologie les plans de la conscience. On pourrait cataloguer les différents comportements et noter que les réactions correspondantes reflètent purement un mobile soit confucéen soit bouddhique, soit Taoïque. J'entends par là que sur le plan social par exemple les réactions sont généralement Confucéennes ; sur le plan religieux traditionnel, les réactions sont généralement Bouddhiques. Le Taoïsme, si nous entendons par ce mot, les pratiques Taoïques plus que la philosophie Taoїste qui est seulement accessible à quelques intellectuels, engloberait toutes les manifestations non réglementées de l'âme vietnamienne survivantes et croyances et de peurs primitives. Ceci est le schéma traditionnel. "
( Quelques Eléments de l'Univers Moral Des Vietnamiens _ B.S.E.I. NFS. t. XXII - 1952 )
Mais cette synthèse des trois grandes traditions orientales dont parle Maurice Durand ici au temps de Meou-Tseu et de Shih-Nsieh n'était pas complètement achevée .
Elle n'était chez eux qu'une tendance éclectique. Pour que les systèmes se fondent en une unité créatrice, il leur faut une base d'ex-périnsse spirituelle profonde comme chez les mystiques d'Occident du Moyen-Âge. C'est là je pense l'origine du Bouddhisme THIỀN qui apparut au Giao-Chỉ au VIè siècle comme synthèse nécessaire des trois grands systèmes de pensée traditionnelle de l'Extrême-Orient. Car le triple système est bien une synthèse et non un syncrétique plus ou moins hétérogène pour devenir une unité créatrice de pensée philosophique et religieuse, il nécessite une base expérimentale solide que seule l'expérience religieuse mystique du ZEN puisse lui donner, puisque ZEN comme l'on a vu est bien un processus de " transformation psychologique " ( ) un passage des plans différents de la conscience de l'éveillé, du rêvé et du sommeillé sans rêve d'après la psychologie yoguïque ou taoïste. La conscience de veille correspond à l'expérience l'individuelle et sensorielle du Taoïsme, celle du rêve correspond au Confucianisme, et enfin, celle du sommeil profond correspond au domaine spirituel et universel du Bouddhisme. D'après la conception vietnamienne ces trois systèmes religieux se complètent entre eux pour former une conscience globale intégrant le rationnel, l'émotion et la volonté dans leur source unique et commune ( ) " Tam Giáo Đồng Nguyên ".
Cette source indéfinissable appartient au quatrième plan de la conscience englobant les trois autres, leur servant de continuum spirituel ou de substratum commun au monde des choses, des vies et des esprits. Elle est la vie infinie qui se révèle au peuple agricole dans le retour éternel des saisons et à laquelle le paysan se communie dans les fêtes périodiques ou dans les pèlerinages aux grottes Saintes. Pour la classe des intellectuels, cette source est la conscience cosmique unifiant la connaissance et l'action qu'on réalise graduellement par l'abnégation de soi-même en action, en parole et en pensée jusqu'à l'élimination finale de la conscience individuelle. C'est ce que les trois des Trần, Trần-Thái-Tông ( ) au XIIIè siècle expliqua dans son oeuvre capitale " Leçon Sur Le Sunyata " :
Ceux qui se sont pas encore illuminés sont mépris sur la différence des trois systèmes : Confucianisme ; Bouddhisme et Taoïsme. Une fois qu'on les pénètre jusqu'au fond, on s'éclairera sur l'unique conscience cosmique. Et il a expliqué cette conscience unique à un Maître dhyaniste chinois de nom Tống-Đức-Thành ( ) venant de Chine pour éprouver son degré d'illumination sur la voie de la Vérité. Et il lui donna l'explication non par un raisonnement logique mais par un mouvement dialectique dans un dialogue de style ZEN :
" Thái-Tông dit :
' Le torrent descend de la montagne n'a pas d'intention.
' Le nuage blanc qui sort de la grotte est essentiellement non conscient .'
" Le Bonze interlocuteur n'a un mot à dire !
" Thái-Tông reprend :
' Qu'on garde de dire que non conscience est la voie de la vérité, non conscience est loin de la voie comme si elles sont séparées par un double muraille dressée entre elles . '
Par ces sentences métaphoriques sur l'activité non intentionnelle de la nature, l'auteur, le Roi Trần voulait suivre le mouvement dialectique de l'être non conscient -- conscient, l'immanent -- transcendant, qui dépasse toute dualité antinomique des concepts logiques pour se fondre dans la conscience cosmique globale, le ( ) " Le coeur du Ciel, Terre ". Et cette conscience unique, universelle conscience aux trois systèmes classiques est d'après l'auteur "Khoá-Hư-Lục" () ou " Leçon sur le Vide ( Sunyata )". La conscience individuelle de chacun de nous une fois illuminée c'est à dire purifiée de toute trace de désirs égoïstes, de toute limitation égoïste à la manière du " Je me réduit à zéro " de Gandhi. Pour réaliser cela, il a adopté la voie graduelle et pratique de l'homme d'action clairvoyant du libre service envers la famille, la nation et le monde entier durant toute sa vie active de Roi guerrier, d'administrateur, de lettré, d'artiste et enfin de bonze bouddhique mendiant. Et comme l'idéal pour l'homme d'action, il prit cette devise :
" Prendre le coeur du monde pour son coeur, les désirs du monde pour son propre désir ."
C'est ce ZEN actif et pratique qu'adopte le Roi Trần-Thái-Tông comme philosophie d'éducation nationale vietnamienne dès le XIIè siècle, appliquée au programme de concours triennal des trois Doctrines ensemble pour le recrutement des fonctionnaires dirigeants de la nation. En réalité ce fut le Maître ZEN bouddhique Vạn-Hạnh qui inculqua au Xè siècle cet esprit de synthèse au Roi fondateur d'une longue dynastie nationale, définitivement libérée de la longue domination chinoise, Lý-Thái-Tổ des Lý. Et l'un des plus sages Roi de la dynastie, Lý-Nhân-Tông avait condensé la pensée du Maître en un quatrain commémoratif :
" Le Maître Vạn-Hạnh a réalisé l'Eternel présent.
Ses prédictions sont vraies comme les anciennes prophéties.
Originaire du pays qui porte le nom de Vieux Bouddhisme.
Il planta le bâton de pèlerin bouddhique pour protéger la capitale du Roi ."
Ici c'est la synthèse de la connaissance et de l'action au point de jonction de l'individuel et de l'universel de la vie éternelle non différenciée, que Vạn-Hạnh se dit " Nhậm vận " ( ) " au diapason du rythme cosmique ", " quand on se met au diapason du rythme cosmique s'élevant ou déclinant on n'a plus rien à craindre, car dans ce monde tout apparaît et disparaît comme la rosée qui brille sur la feuille d'herbe ."
Chez un autre Maître ZEN non moins illustre, le Maître Cửu-Chi ( ), ( 1065 ), la synthèse consiste dans la libération sociale et naturelle pour atteindre la non dualité, comme il a déclaré :
" Confucius et Mo-Tseu ( et ) affirment l'être social, Chang ( ) et Lao ( ) le renient, leurs systèmes mondains ne constituent point la voie pour la libération. Seul le Bouddhisme qui n'accepte ni existence ni non-existence peut nous donner la clé au problème de la vie et de la mort. Mais il faut observer la discipline, s'efforcer de se perfectionner sans cesse, demander au Maîtres qualifiés de vous éprouver ."
Ailleurs chez Maître Ngộ-Ấn () la synthèse dhyaniste aboutit à l'universalisme des religions : Répondant à un interlocuteur sur la signification exacte du Bouddha, du Dharma et du Dhyana, il précise " Le Roi Dharma suprême qui siège dans votre corps est le Bouddha, dans votre bouche est le Dharma, dans votre conscience est le Dhyana. Quoique l'on distingue en trois catégories mais ils se réduisent à l'unité. Par exemple ils sont comme trois fleuves qui portent des noms différents selon chaque pays, mais quoique leurs noms soient différents la nature de l'eau reste la même ."
Et avant son départ de ce monde, il résuma ses expériences dhyanistes dans ces vers :
" La nature mystérieuse du sunyata n'est pas difficile d'atteindre.
Il est comparable à la perle dans la montagne incendiée sans que la perle perde de sa fraîcheur naturelle.
Ou comme la fleur de Lotus qui s'épanouit au sein d'une fournaise sans que la fleur se dessèche ."
On voit ici que la synthèse Dhyaniste de Ngộ-Ấn est encore plus riche et humaniste parce qu'elle harmonise l'aspect émotif de la dévotion à un Bouddha personnel réincarné dans le corps humain pour sauver les malheureux qui l'implorent, l'aspect intellectuel qui voit dans le Bouddha le principe métaphysique du Dharma et l'aspect psychologique dans l'expérience Dhyanique de l'union entre la conscience individuelle et la conscience cosmique .
Ainsi les deux Maîtres dhyanistes vietnamiens notèrent au début de la dynastie des Lý en la personne de Cửu-Chỉ ( 1265 ) et de Ngộ-Ấn ( 1088) préparèrent la voie à la grande synthèse Thảo-Đường de Lý-Thánh-Tông, qui est une nouvelle secte dhyaniste de création vietnamienne, cette fois. En effet, depuis Lý-Thái-Tổ ( 1010-1026 ), le fondateur de la dynastie des Lý, fils spirituel du grand Maître dhyaniste Vạn-Hạnh, le Bouddhisme devint en quelque sorte une religion prédominante de l'Etat vietnamien. Mais non satisfait de l'esprit des deux sectes dhyanistes, existant du patriarche Vinitaruci ( 580-1216 ) d'origine indienne et du patriarche Vô-Ngôn-Thông ( ) ( 860-1221) d'origine chinoise, les haut dignitaires des Lý avec le Roi Lý-Thánh-Tông ( 1054-1071 ) à la tête fondèrent la troisième secte dhyaniste Thảo-Đường ( ) ( 1069-1205 ).
D'après " L'Annam Chí-Lược " et " Ngan-Nan Tche-Yuan " deux ouvrages d'histoire écrits par les historiographes du XIIIè siècle :
Thảo-Đường accompagna son Maître et séjourna au Champa. Lors de la conquête du Champa par Lý-Thái-Tông, il fut fait prisonnier et donné au Tăng-Lục ou chef religieux de la Cour comme serviteur. Un jour, profitant de l'absence de son Maître, Thảo-Đường prit discrètement le Recueil des pensées ( ) de celui-ci, laissé sur un bureau et le corrigea. A son retour, son Maître Tăng-Lục en fut émerveillé et rapporta le fait au Roi qui décerna à Thảo-Đường le titre de Maître Bouddhiste du royaume " Quốc-Sư ".
" L'An-Nam Tche-Yuan " est plus succinct encore, nous renseigne peu sur la vie de Thảo-Đường. On y lit une courte note :
" Le Maître du dhyana Thảo-Đường, très assidu dans l'exercice de la Voie (Taoïsme), comprit profondément des classiques bouddhiques. Le Roi des Lý lui décerna le titre de Maître. Il trépassa après dans la position assise du pamàsàna ."
Voilà tout ce qu'on sait sur l'origine du troisième Patriarche du Bouddhisme dhyaniste vietnamien. L'auteur Trần-Văn-Giáp du " Le Bouddhisme en Annam " ( B.E.F.E.O. _ t. XXXII - 1930 ) nous donne cette courte histoire relative à Thảo-Đường :
" Thảo-Đường arrive du Champa en Annam probablement en 1069 date à laquelle le Roi Thánh-Tôn des Lý mena une campagne contre le Champa. _ Lorsqu'il devint Maître du royaume, les religieux Annamites durent créer une nouvelle école où ils s'appliquaient à suivre ses théories, c'est pourquoi, ils le considèrent comme fondateur de la secte à laquelle il donnait son nom.
" La première génération de la secte Thảo-Đường se compose de trois personnages. Le premier est l'Empereur Thánh-Tông des Lý ( ) ( 1054-1071 ), le second, le prince Trương-Cảnh-Định ( ) porta le titre de Maître du dhyana Ban-Nhược ( ), il vécut à la pagode de Phúc-Thánh (), le troisième est le lettré Ngộ-Sá ( ) il vécut au village de Bảo-Tài ( ) à Long-Chương ( ) .
" La second génération se compose de quatre personnages. Le premier est le Tham-Chính ( ) Ngô-Ích ( ) qui succéda à l'Empereur Thánh-Tông ( ). Le second est le Maître du dhyâna Thiện-Minh ( ), il vécut au village de An-Lãng ( ) à Vĩnh-Hưng ( ) et succéda à Ban-Nhược ( ). Le troisième est le Maître dhyâna Không-Lộ ( ). Il vécut à la pagode de Nghiêm-Quang ( ) à Hải-Thanh ( ) . Le quatrième est le Maître dhyâna Định-Giác ( ) . Une note de notre texte nous apprend que Định-Giác est le même personnage que Giác-Hải. Không-Lộ et Giác-Hải succédèrent tous deux à Ngộ-Sá ( ). Leur biographie se trouve dans le Nam-Tông-Đồ ( ) qui les attribue à la secte de Đinh-Sơ ( ) . Nous avons vu dans l'étude de la secte de Vô-Ngôn-Thông ( ) que Không-Lộ ( ) était le quatrième religieux dépendant de la neuvième génération de cette secte, et Giác-Hải ( ), le neuvième de la deuxième génération.
" La troisième se compose de quatre personnages. Le premier est le Thái-Phó ( ) Đỗ-Vũ ( ), il succéda au Tham-Chính ( ) d'aucuns disent qu'il apparaît à l'école Định-Giác ( ). Le deuxième religieux est le Maître du dhyâna Pham-Am (), il vécut à la pagode du village de Thanh-Oai ( ) à An-La ( ), et succéda à Thiện-Minh ( ). Le troisième est l'Empereur Anh-Tông des Lý ( ). Le quatrième est le Maître du dhyâna Đồ-Đô ( ). Ces deux derniers succédèrent, selon certains documents à Không-Lộ ( ) selon d'autre à Định-Giác ( ).
" La quatrième génération se compose de trois personnages. La première est le Maître dhyâna Trương-Tam-Tạng ( ) il succéda à Phạm-Am ( ). Les uns disent qu'il fut le disciple de Không-Lộ ( ), d'autre de Định-Giác (). Le second est le Maître du dhyâna Chân-Huyền ( ). Le troisième est le Thái-Phó ( ) Đỗ-Thường ( ). Ces deux derniers succédèrent au Maître dhyâna Đồ-Đô ( ). D'aucuns disent le Thái-Phó fut le disciple du Maître dhyâna Bản-Tích ( ) de la secte de Kiến-Sơ ( ) .
" La cinquième génération se compose de quatre personnages. Le premier est la Maître du Dhyâna Nãi-Tỉnh ( ), le second, l'Empereur Cao-Tông des Lý ( ) ( 1775-1205 ) et le troisième, le chef d'acteur Nguyễn-Thức ( ). Ils succédèrent tous les trois au Maître du Dhyâna Trương-Tam-Tạng ( ). Le dernier est Phạm-Phụng-Ngự ( ) qui succéda à Chân-Huyền ( ).Certains disent qu'il fut le disciple de Đỗ-Thái-Phó ().
" Voilà la traduction textuelle de la liste des successeurs de l'Ecole d'après Đại-Nam Thiền-Uyển Truyền-Đăng Tập-Lục ( ) histoire de la transmission de la lampe du jardin Bouddhiste Dhyaniste de Vietnam.
" Pour avoir une vue d'ensemble d'histoire de la transmission de la lampe Dhyaniste du Thảo-Đường, Trần-Văn-Giáp nous donne ce tableau " C " dans son ouvrage cité :
" Secte du Dhyana fondée par Thảo-Đường "( 1054 - 1205 )
Thảo - Đường
( 1054 - 1205 )
Voilà l'histoire de la nouvelle école de la Dhyaniste Thảo-Đường fondée par Roi Lý-Thánh-Tông en 1069, d'après le " Recueil de la Transmission de la Lampe Dhyâna " ( ). Ouvrage daté du XIIIè siècle.
Sur cette liste on voit que la généalogie des Maître dhyanistes Thảo-Đường se compose de hauts dignitaires appartenant à la classe dirigeante de la nation, excepté quelques religieux monastiques et artistes, le reste est composé de haut fonctionnaires de la cour et des Rois régnant de la dynastie. Une note sans fondement plausible qu'on trouve insérée dans le recueil nous dit arbitrairement que le Maître Thảo-Đường transmet l'école dhyaniste Chinois " Sieu, Teou Ming Kio " Thuyết Đầu Minh Giác ( ) ce qui est en contradiction avec ce que disent d'authentiques " L'Annam Chí-Lược" ( ) et " L'An-Nam Chí-Nguyện " ( ) sur l'origine de Thảo-Đường accompagnant son Maître et séjournant au Champa ci-dessus cité .
Au lieu de chercher une origine lointaine de cette nouvelle école dhyaniste dans la Chine pour en comprendre les caractéristiques spécifiques et particuliers, ce qu'elle a de tendance propre qui la diffère des précédentes, il est plus logique d'étudier le climat spirituel du début de la dynastie qui contribua à sa fondation. Cette dynastie des Lý fut marquée par deux personnages notables dont l'un est le Maître Dhyaniste Vạn-Hạnh ( ) l'autre Lý-Công-Uẩn ( ) devenu ensuite le premier Roi fondateur de la Dhyaniste. Lý-Thái-Tổ ( ), qui fut élevé et éduqué dans sa jeunesse par Vạn-Hạnh lui-même. Celui ci servait de conseiller spirituel durant dans tout son règne. Or Vạn-Hạnh quoique adepte de l'école Dhyaniste de Vinitaruci, ne se contenta pas de la voie contemplative dans la retraite. Comme tous les Bouddhistes contempo-rains, il se voua au mouvement de libération national et transforma aussi le Dhyana quiétiste en une voie de libre action sociale. Cette nouvelle tendance dhyaniste fut bien une adaptation du Bouddhisme des deux écoles précédentes au besoin idéologique des Rois fondateurs de la dynastie comme on peut le voir dans le quatrain suivant dédicacé à Vạn-Hạnh par le Roi Lý-Nhân-Tông ( ) :
" Vạn-Hạnh dung tam tế
Chân phù cổ sấm kỳ
Hương quan danh Cổ-Pháp
Trụ tích chấn Vương-Kỳ ."
( Maître Vạn-Hạnh ( = multiple vertus ) réalise l'Eternel présent.
Ses paroles véridiques sont comme les augures antiques.
Originaire du village portant le nom Vieux Dharma.
Il lève son bâton de prêtre Bouddhique pour défendre le royaume national.)
Et le même Roi a fait l'éloge de deux autres Maîtres, l'un Bouddhiste et l'autre Taoïste en ces termes :
" Giác hải tâm như Hải
Thông huyền đạo cửu-huyền
Thần thông kiêm biến hóa
Nhất Phật, nhất Thần Tiên ."
( Maître Giác-Hải ( = connaissance illimitée ) à la conscience vaste comme l'océan.
Maître Thông-Huyền ( = intuition métaphysique ) à la voie plus mystérieuse encore.
Ils représentent à la fois la connaissance intuitive et le pouvoir créateur.
L'un est Bouddhiste, l'autre Taoïste .)
Comme on le voit la tendance synthétique prédominait dans la pensée bouddhique de l'époque, c'est-à-dire avant l'apparition de la secte du Dhyâna Thảo-Đường. Et le Roi Lý-Thánh-Tông ( ) premier adepte de la secte, sinon son créateur, représente bien unies dans sa propre personne la dévotion à l'Avalokitésvara avec son amour maternel infini et la réalisation du salut par l'effort personnel. C'est l'aspect personnel et impersonnel de la divinité, réunis ensemble.
En effet, il est écrit dans l'histoire dynastique du " Grand Việt ( ) ( Đại-Việt Sử-Ký Toàn-Thư ) qu'à la montée au trône en 1054 Lý-Thánh-Tông changea le nom national trop prosaïque " Đại-Cồ-Việt " Le " Colosse Việt " en " Đại-Việt " " Grand Việt " dans l'intention de créer un Etat puissant, indépendant et bien organisé pour le peuple Việt, pouvant tenir tête aux invasions du Nord, de l'Ouest et du Sud, de l'actuel Bắc-Việt ou Viet-Nam Nord. Après avoir pacifié les frontières du Nord et à l'Ouest, Lý-Thánh-Tông se tourna vers le Sud, et ce fut en 1069 au cours de la campagne contre les Chams qu'il ramena parmi les captifs un certain Chinois étudiant Taoiste-Bouddhiste, Thảo-Đường, et fonda la secte de Dhyâna portant ce nom.
En ce moment la conscience nationale se réveilla pleinement comme on peut la voir reflétée dans ce quatrain attribué au général Lý-Thường-Kiệt ( ).
( Les montagnes et les fleuves, c'est à dire le territoire du royaume Vietnam sont habités par le Roi du Vietnam qui en est le Maître.
Cela est nettement défini dans le livre sacré du destin.
Pourquoi les guerriers intraitables viennent nous envahir ?
Qu'ils s'attendent à une défaite sure de notre part . )
Ce poème résume bien l'idéologie politique que la classe dirigeante de l'époque avait conçue pour la nation vietnamienne dans sa lutte contre la domination chinoise. Il exprime aussi la conscience du peuple dans sa force naissance et sa volonté d'indépendance devant les puissances étrangères conquérantes surtout Nordistes. Cette conscience nationale vient des conditions géographiques naturelles du pays mais aussi et surtout de l'unité idéologique de la classe dirigeante et du peuple. Les dirigeants depuis les Đinh et Lê furent des militaires peu instruits qui s'entourèrent conseillers intellectuels Bouddhistes ou Taoïstes. Quand vinrent des Lý, on s'empressa de transférer la capital à Thăng-Long ( Hà-Nội actuel ) et de bâtir le temple national dédié au " Génie des Monts Sacrés " Tambour de Bronze ( ), réminiscence collective de l'origine Đông-Sơn Indonésienne de la race .
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